De Gémenos à Barcelonnette …

Le hasard est ainsi fait que notre vie s’est parfois enchevêtrée avec des géographies liées l’une à l’autre de manière inattendue. A notre arrivée en famille à Gémenos en 1992, nous pûmes louer une grande maison sise au boulevard des alliés et qui nous paraissait démesurée, au moins par sa large façade couverte par endroit de carreaux, style azulejos.

Lors de la visite d’un oncle originaire de Provence, il ne tarda pas à contempler la maison en nous disant qu’elle lui rappelait les « maisons des Mexicains », ou des Américains comme ils disent à Barcelonnette, dans la vallée de l’Ubaye. Nous étions encore loin d’imaginer que nous allions partir deux ans plus tard vers cette destination pour y séjourner presque dix années ; et nous n’avions pas encore vraiment fouillé cette histoire fabuleuse des habitants de Barcelonnette, partis au dix-neuvième siècle vers le nouveau monde pour y chercher la fortune. Nos voisins et amis de Gémenos nous avaient confié que les anciens propriétaires de notre maison s’appelaient les « Michel », un nom typique de ces colporteurs qui partirent au Mexique quelques cent cinquante ans avant nous. D’ailleurs, notre seconde maison dans les Lomas de Chapultepec, nous la louions à Graciano Guichard Michel, un descendant de ces aventuriers devenus hommes d’affaires et lié par sa maman aux propriétaires de la grande chaine de magasins « le Port de Liverpool ». Durant notre séjour au Mexique, nous fûmes baignés dans cette atmosphère épique de ces familles écartelées puis définitivement enracinées dans leur terre d’adoption. Le seul lien physique, historique, mémorial qui leur restait avec leurs ancêtres, était cité comme la petite ville de Barcelonnette où leurs grands-parents avaient souvent construit des maisons imposantes au tournant du dix-neuvième siècle. Nous ne connaissions pas l’endroit. Cet été nous avons réparé  ce manque et visité cette commune si chérie par nos anciens amis, ainsi que le village encore un peu plus loin vers l’Italie, Jausiers. Nous sommes pris entre ces souvenirs de patronymes familiers, avec la moitié des noms inscrits sur les tombes des cimetières qui nous sont connus, et l’architecture incroyable de ces grandes bâtisses et petits châteaux qui rappellent celle de la maison … du boulevard des alliés, à Gémenos !

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