Beato Sebastian de Aparicio

Au cours de nos pérégrinations dans la magnifique ville de « Puebla de los Angeles », nous fûmes surpris chaque jour par de nouvelles découvertes. Ce jour-là, traquant des azulejos d’une boutique à l’autre du centre ville, nous interrogions notre vendeur sur la provenance du nom de son atelier …

Ce fut alors une révélation pour nous et notre interlocuteur se mit, dans son style bien à lui, à nous conter la vie du Bienheureux Sebastián de Aparicio. Né il y a plus de cinq cents ans (1502) en Espagne, notre héros se voit proposer assez jeune d’émigrer vers les nouvelles possessions espagnoles en Amérique ; mais déjà, il semble avoir le temps devant lui et commence d’abord à travailler dur pour payer les dotes de ses sœurs ! Débarquant au port de Vera Cruz, il n’arrive seulement qu’en 1531 dans la ville de Puebla qui était alors un petit hameau avec une population essentiellement d’émigrants espagnols, élevant vaches et chevaux. Aparicio se transforme en « charro » pour s’occuper de ces animaux, à qui il va donner un rôle complètement nouveau. En effet, les Indiens de l’Altiplano ne connaissaient pas la traction animale et révéraient la roue comme un symbole religieux ; ils n’avaient donc comme seule solution que leurs dos pour transporter toutes les marchandises, et cela sur des centaines de kilomètres ! Aparicio créera très rapidement le premier service de transport terrestre en exploitant ces animaux nouveaux au Mexique. De nouveau, même après des premiers succès, il abandonne cette activité et achète des terrains sur les municipalités d’Azcapotzalco (tiens le nom de notre chien !), de Tlalnepantla, Polanco et Chapultepec. Il avait du nez notre ami avec des zones immobilières qui sont parmi les plus cotées du Mexique aujourd’hui ! Il lui est également reporté une sensibilité religieuse appuyée puisqu’il lui est attribué la tradition de la « fête des morts », lendemain de Toussaint et qui se mêle avec tact avec des traditions préhispaniques. Notre homme n’a qu’une vie mais prend son temps : Il prend femme en 1562, à l’âge de soixante ans, mais a l’infortune de la perdre immédiatement. Deux ans plus tard, il se remarie mais pour seulement huit mois avant un nouveau décès et pas de descendance. Nous aurions pu alors parier pour une retraite bien méritée dans son hacienda. Sa vocation le rattrapant, il entre en 1574, à 72 ans, dans l’ordre Franciscain comme novice au couvent de San Francisco de la ville de México, puis au monastère de Saint Jacques de Tecali, près de Puebla. Il a alors la tâche d’aumônier sur tous les chemins du Mexique de Vera Cruz aux mines de Zacatecas, en passant par Puebla, Tlaxcala et Querétaro. Il revient alors à sa passion de l’entretien des chemins et des convois tractés pour soulager les Indiens qui portent les minerais sur plus de deux mille kilomètres avant leur embarquement pour l’Espagne. Pour cela, et nous voyons dans la vidéo l’enthousiasme de notre vendeur d’azulejos, il est vénéré comme un bienfaiteur des indigènes … bienfaiteur ayant réussi dans la vie et ayant pris son temps, mourant en 1600, à près de 98 ans !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *